Le 19 février se tenait le lancement du Club Les Échos Digital en présence d’Alexandre Ricard, Président-Directeur Général, de Pierre Yves Calloc'h, Directeur de La Transformation Digitale du groupe Pernod Ricard, et des dirigeants des deux partenaires, René-Louis Adda, président d’Upper-Link, et Thierry Grimaux, associé de Valtus.
Lorsque Paul Ricard a fondé son entreprise, sa devise était : « faites-vous un ami par jour ».
« Aujourd’hui, mon grand-père constaterait que les nouvelles technologies, notamment les réseaux sociaux, permettent de multiplier cette ambition »
sourit Alexandre Ricard, PDG de Pernod Ricard, groupe qui pèse plus de 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Restant un précurseur, le n°2 mondial des vins et spiritueux a fait de sa transformation digitale un axe stratégique, figurant parmi les premières organisations à créer la fonction de Global Business Develpoment Director, à déployer en interne un réseau social d’entreprise ou encore à se doter d’un incubateur maison.
De l’avis du dirigeant, cette transformation en profondeur ne peut se révéler efficace qu’en impliquant l’ensemble des collaborateurs. « Le digital doit se répandre à travers toute l’organisation, au sein de tout le groupe », estime Alexandre Ricard. « Depuis la réceptionniste jusqu’au PDG, il faut une envie globale des membres des équipes, tous mus par la même volonté d’évoluer sur le sujet », poursuit Pierre-Yves Calloc’h, directeur de l'accélération digitale globale de Pernod Ricard. Une fois le virage numérique pris, les bénéfices sont nombreux. Pour exemple, les ventes de Pernod Ricard via le e-commerce ne cessent d’augmenter.
« Surtout, le digital permet de cibler le bon profil de consommateur, au bon moment, avec la bonne proposition », résume Alexandre Ricard.
René-Louis Adda, président d’Upper-Link, société spécialisée dans la transformation digitale, souligne que « le volet financier constitue un aspect essentiel de toute démarche de transformation ». « Cela suppose de composer un budget et de gérer le retour sur investissement. Certaines entreprises choisissent d’adopter une road map globale alors que d’autres adaptent leur budget au fur et à mesure », observe René-Louis Adda. Pour sa part, Alexandre Ricard parle de « réallocation ». « Au final, les budgets n’ont pas explosé, à l’inverse nous avons réalisé de réelles économies, en termes de coûts mais aussi d’impact de notre ciblage », dit-il.
Autre sujet essentiel de la transformation digitale : les ressources humaines. « Quand on évoque l’automatisation et la numérisation, on pense au risque de destruction de l’emploi. Ce qui met en péril l’emploi, ce n’est pas la technologie, c’est l’interaction entre les nouveaux outils et les choix faits par le management », pointe Elisabeth Gorsdhomme, directeur général de la société d’études et de conseil Paradigmes et caetera.
Rebondissant sur cette analyse, Thierry Grimaux, associé de Valtus, rappelle l’importance de l’employabilité. « L’employabilité, c’est ce qui donne le droit, la possibilité et le plaisir de travailler », souligne Thierry Grimaux, interrogeant Alexandre Ricard sur ses actions en ce sens. « On n’exerce pas le même métier entre hier, aujourd’hui et demain. D’où la nécessité d’accompagner les collaborateurs, ce que nous faisons via la formation, notamment avec une plateforme d’e-learning », détaille Alexandre Ricard, précisant que « la technologie est une opportunité, permettant de se focaliser sur la valeur ajoutée ».
Témoin de cette table ronde, Yannick Ponton, professeur d’économie et de gestion à l’Institut Francilien d'Ingénierie des Services (IFIS) et à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée (UPEM) synthétise ainsi : « La numérisation remet en cause les organisations et leurs processus en modifiant toute la chaîne de valeur de l’entreprise ». Au-delà de ce qui a cours au sein des organisations, il rappelle que cette dynamique de changement induit plus globalement « un questionnement social, comme le défi vis-à-vis de l’emploi, mais aussi un positionnement déontologique concernant le stockage et le traitement des données personnelles ».
Julie Le Bolzer
Les éléments clefs de la transformation digitale de Pernod Ricard
- L’implication du PDG, Alexandre Ricard, dès sa prise de poste
- La création d’une équipe dédiée pour réinventer les process et la chaîne de valeur, et déployer de nouveaux outils
- Une coordination groupe de la démarche, depuis le siège jusqu’aux différentes entités
- Un financement par réallocation du budget
- L’accompagnement de l’ensemble des collaborateurs, notamment via la formation
- Des bénéfices pluriels : développement de l’activité, gain de productivité, création de nouvelles offres, ciblage affiné du client final, meilleure gestion de l’image du groupe...