Le 17 mai 2018, le Club Les Echos en partenariat avec
Wavestone,
Robert Half et
Favart recevait
Xavier Niel autour du thème :
« La France, paradis de la tech ? ».
Xavier Niel
Né en 1967, Xavier Niel est le co-fondateur de Iliade, l’Ecole 42 et de Station F. Entrepreneur dans l’âme, il commence sa carrière en créant le minitel rose avant de rentrer au capital de Worldnet, premier fournisseur d’accès à Internet en France, et de créer Free en 1999. Il est à l’origine du concept de la box et de l’offre « Triple Play » (Internet, TV et téléphone) et lance en 2002 la Freebox à un prix bien inférieur à celui de ses concurrents. Plus récemment, Free s’est lancé dans la téléphonie mobile avec une gamme de forfaits low-cost, bouleversant ainsi une nouvelle fois le marché des télécoms français.
Fort de ces nombreuses expériences et succès, il décide d’ouvrir en 2013 l’Ecole 42 afin de former des jeunes de 18 à 30 ans à la programmation et aux métiers techniques du numérique. Xavier Niel finance 100% de la formation grâce à ses fonds propres la rendant donc gratuite pour les participants. En parallèle, il rachète la Halle Freyssinet à Paris pour la transformer en un lieu 100% dédié aux start-up, hébergeant de nombreux incubateurs.
Xavier Niel est donc un véritable entrepreneur dans un pays qui en manque parfois. Il a réussi à créer de toute pièce une des plus grandes entreprises françaises dans un paysage où le capitalisme est assez figé avec un Top 50 des entreprises qui évolue peu. La réussite de Free n’est pas uniquement basée sur une réduction des coûts pour le consommateur, elle est passée par une compréhension des attentes clients et l’offre de solutions adaptées aux besoins des consommateurs.
Le fondateur de Free est un investisseur avisé qui participe à de nombreux projets et investit dans diverses start-up en France et à l’étranger. En France, c’est via son fond d’investissement, Kima Ventures, qu’il investit massivement afin de contribuer à faire émerger dans le pays la culture start-up et prouver que l’on peut réussir dans l’entreprenariat. Cette idée est bien représentée dans la création de Station F et de l’Ecole 42 qui ont pour vocation de faire émerger les talents et encourager l’entreprenariat.
Une tendance très favorable pour le monde des start-up et de l’entreprenariat
Depuis plusieurs mois, l’univers des start-up observe de nombreux indicateurs qui tendent à prouver que la France est en passe de réussir son pari de devenir une « start-up Nation ». En effet, le nombre de créations de start-up ne cesse d’augmenter, l’image du pays attire de plus en plus les entrepreneurs qui veulent s’y installer, l’environnement global est favorable et les meilleurs ingénieurs mondiaux souhaitent rester ou venir en France.
Dans un contexte géopolitique mondial en mutation, la France fait figure de pays le plus attractif pour les entrepreneurs grâce à son environnement technologique.
L’image forte qu’est en train de se créer la France est le principal facteur d’influence. L’hexagone souffrait auparavant d’une image négative auprès des entrepreneurs du monde entier et ne pouvait rivaliser avec des pays comme les Etats-Unis ou l’Angleterre. Or dans le monde des start-up la France est bien loin d’être celle que l’on imagine avec des taxes importantes et une forte rigidité sociale. Bien au contraire, le pays est positif et encourageant pour les entrepreneurs notamment avec :
- Une fiscalité très avantageuse (des impôts inférieurs à ceux des USA)
- Des taxes principales également plus basses : l’impôt sur les plus-values est de 23% vs. 40% aux USA
- Des droits de successions sur les entreprises plus bas que dans la majorité des pays
Pour Xavier Niel, l’Intelligence Artificielle et le Big Data sont les secteurs à investir dès aujourd’hui et dans lesquels de nombreuses start-up devraient continuer d’émerger et de réussir. Afin de pouvoir développer ces secteurs à forts enjeux il faut pouvoir attirer les talents et leur offrir ce qu’ils attendent : 1. Des projets intéressants 2. Un cadre et une ambiance de travail agréables 3. Un bon salaire.
Une image forte de la French Tech pour attirer les entrepreneurs du monde entier
Emmanuel Macron a depuis longtemps entrepris de connaître et dialoguer avec les entrepreneurs afin de créer une image qui leur parle. Son arrivée au pouvoir a permis de donner à la France l’image d’un pays pro-entrepreneur à l’instar des USA qui ne bénéficiaient pas forcément d’un écosystème juridique et financier favorable et qui pourtant incarnaient le rêve du possible et de la réussite pour les entrepreneurs.
Selon Xavier Niel, le Président français est un révélateur de cette image qui pousse les talents à venir en France. Une image qui est renforcée par des initiatives régulières en faveur des entrepreneurs du monde entier comme le FrenchTech Visa réalisé en 48h et prisé par de nombreux profils. A titre d’exemple, 25% des start-up de Station F ont été créées en dehors de la France ou par des entrepreneurs venus en France pour créer leur entreprise.
La création d’une image qui parle aux entrepreneurs est donc primordiale même si elle n’est pas parfaite. Il serait possible d’aller plus loin dans les réformes notamment sur le coût du travail qui reste plus élevé qu’aux USA par exemple.
Encourager l’entreprenariat pour créer les géants de demain
Il est aujourd’hui possible d’imaginer que la France abritera les nouveaux géants de l’Internet si le pays se donnait les capacités à pousser de plus en plus de personnes vers l’entreprenariat. En effet, plus d’entreprises et start-up voient le jour plus il y a de possibilité de compter des géants parmi elles. Pour ce faire, il faut encourager des personnes différentes à créer leur entreprise et non pas uniquement les anciens élèves des grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs. Il faut aller chercher des talents qui ne se seraient pas tournés vers l’entreprenariat et les aider à créer : le meilleur moyen d’avoir un travail est de le créer soi-même. Toutes ces personnes ont la chance de pouvoir compter sur les aides fournies par l’Etat et doivent donc être encouragées à la création pour continuer de faire rayonner la France comme « start-up nation ».
Par ailleurs, pour continuer d’encourager l’entreprenariat il faut continuer de généraliser le droit à l’échec. En effet, ce dernier s’est développé et les entrepreneurs n’ont plus à cacher leurs potentiels échecs passés mais la législation doit aller plus loin en ce sens pour que ces échecs soient véritablement acceptés.
Pour Xavier Niel l’entreprenariat passe par la passion et la volonté de toujours rester innovant. Le concernant il est depuis toujours passionné par son métier des télécoms qu’il s’agisse des produits ou du marketing autour. Selon lui, l’écosystème des start-up repose sur celui des télécoms qui est sans cesse à la recherche de nouvelles innovations ou modes de fonctionnement. Par exemple, il approuve la stratégie de Canal+ qui propose désormais ses services via Apple TV , d’autant plus que Free fait la même chose en Suisse. En effet, selon les stratégies envisagées, les télécoms peuvent s’appuyer sur des box Andoid ou Apple pour distribuer leurs services ou décider de se renouveler sans cesse sur leurs propres box en ajoutant des technologies innovantes. Free est donc toujours en constant renouvellement et s’oblige à sans cesse penser différemment pour éviter de disparaitre trop tôt au profit d’un nouvel acteur.
Par
Julien Miniconi, Directeur julien.miniconi@wavestone.com
et
Justine Douteaud, Consultante justine.douteaud@wavestone.com